Tabou : les femmes qui ne veulent pas être mères
Il existe encore aujourd’hui en France et ailleurs dans le monde un tabou autour des femmes qui décident de ne pas avoir d’enfants. Pourquoi renoncent-elles à être mères et pourquoi ont-elles souvent à justifier ce choix ?
Quand je serai grande je veux avoir un mari et trois enfants ! Voilà un rêve de petite fille que l’on encourage volontiers. Quand je serai grande je veux être indépendante et privilégier ma carrière ! Ça en revanche, ça a plus de mal à passer. Si la place des femmes a évolué au sein de nos sociétés, elles ne se sont pas encore pleinement affranchies du rôle qui fut décidé comme étant le leur pendant des centaines d’années : avoir des enfants et s’occuper du foyer.
Elles ne sont donc pas très nombreuses à prendre la décision de ne pas avoir d’enfants, encore trop souvent jugées et montrées du doigt. Certaines femmes choisissent malgré tout de renoncer à la maternité pour se consacrer pleinement à leur travail, leur vie sociale, associative, et autres aspects de leur existence. Pourquoi ce choix et pourquoi fait-il débat ?
Quelques chiffres
On constate que parmi les femmes nées en 1940, 10% d’entre elles n’ont pas eu d’enfants. Chez les femmes nées en 1968, on en recense 14%. Il faut aussi prendre en compte dans ces statistiques les femmes ne pouvant biologiquement pas tomber enceintes.
Selon une étude de l’INED, il existe de nos jours en France environ 5% de femmes qui décident de ne pas avoir d’enfants, en dehors de celles ne pouvant pas en avoir.
Il faut aussi préciser qu’il ne s’agit pas seulement et forcément de femmes seules, célibataires. Il existe également des couples qui choisissent de vivre sans enfant.
Les raisons de ce choix
Cette décision est bien sûr propre à chaque couple et/ou à chaque femme, à son caractère, son histoire, et ne saurait être expliquée par un seul et même facteur. Quelques raisons reviennent cependant plus que d’autres lorsqu’on interroge des femmes à ce sujet.
Comme on a pu l’évoquer précédemment, on compte des femmes qui décident de ne pas avoir d’enfants afin de pouvoir s’épanouir pleinement dans leur métier. Leur carrière leur semble incompatible avec le fait d’élever des enfants.
D’autres encore ne sont pas séduites par l’idée de famille. Elles préfèrent conserver leur indépendance, une certaine forme de liberté, et privilégier leurs relations avec leurs amis, leurs sorties, voyages et autres aventures. Elles aiment leur mode de vie actuel.
On peut aussi renoncer à avoir des enfants car on a eu soi-même une enfance difficile, qu’on ne s’entend pas avec ses parents, parce qu’on ne se sent pas capable d’élever correctement un enfant, de porter le poids d’une telle responsabilité, ou tout simplement parce que l’on n’a pas d’intérêt pour la maternité, que nos priorités et nos joies sont ailleurs.
Pourquoi ce choix dérange ?
Les commentaires qu’engendre ce choix de vie viennent en partie de l’héritage de nos sociétés et du rôle assigné à la femme dans ce cadre. Celle-ci est d’ailleurs tant associée à la mère, l’épouse, la ménagère dans l’inconscient collectif, qu’il lui est difficile d’assumer le fait d’aspirer à autre chose. Pas à mieux ni moins bien, simplement à un mode de vie différent, qui convient mieux à sa personnalité et ses aspirations.
L’indépendance qu’affichent les femmes sans enfant peut également provoquer un sentiment de peur. Leurs parents, leurs proches, ont souvent du mal à comprendre leur attitude et s’inquiètent de les voir seules. Les couples avec enfants peuvent eux craindre de devoir questionner leur propre choix de vie et ne pas accepter cette différence.
De façon générale, une femme sans enfant remet sans le vouloir en question l’idée de famille et d’un certain mode de vie stéréotypé, normé, ordonné. On l’affuble alors facilement de traits de caractères peu flatteurs comme l’égoïsme ou l’immaturité pour justifier son comportement.
Il faut cependant faire preuve de maturité pour prendre ce genre de décision, ne pas céder à la peur de la solitude, à la tentation d’avoir un enfant pour faire comme tout le monde et pour ne plus avoir à se justifier en permanence. Renoncer à être mère pour ne pas risquer de rentre un enfant malheureux ressemble plutôt à de l’altruisme.
L’idée n’est bien sûr pas ici de dire que la maternité est une mauvaise chose, qu’elle ne peut pas être synonyme de liberté. Bien au contraire. Elle l’est à partir du moment où elle est le fait d’une décision personnelle, prise sans contraintes. Il est primordial de laisser chaque femme parfaitement libre de ses choix, libre de décider d’avoir des enfants ou non, sans pression extérieure et sans jugement.