Je viens d'avoir 42 ans, la moitié de la vie. Au physique, je suis de grande taille, plutôt pas petit. J'ai des cheveux châtains coupés mi- court, par crainte que ne se développe une calvitie menaçante.

Autant que je puisse en juger, les traits caractéristiques de ma physionomie sont : une nuque très droite, tombant verticalement comme une muraille ou une falaise, marque classique (si l'on en croit les astrologues) des personnes nées sous le signe du Capricorne ; un front développé, aux veines temporales exagérément noueuses et saillantes quand je m’énerve. Mes yeux sont bleus, mon teint est coloré ; j'ai fierté d'une peau rappelant la douceur et la couleur d’un abricot. Mes mains sont charpentées, peu velues, avec des veines très dessinées ; mes doigts massifs dénotent avec ma finesse de jeu.
Ma tête n’est ni grosse ni petite pour mon corps ; j'ai les jambes bien proportionnées par rapport à mon torse, les épaules très larges relativement aux hanches.

Je marche le haut du corps incliné bien droit ; j'ai tendance, lorsque je suis assis, à me tenir adossé. J'aime à me vêtir avec le maximum d'élégance ; pourtant, à cause de mes moyens qui, sans que je puisse me dire pauvre, sont plutôt limités, je me juge d'ordinaire profondément basique mais malgré tout très sexy. J'ai horreur de me voir à l'improviste dans une glace sans m’être coiffé car, faute de m'y être préparé, je me trouve à chaque fois d'une fadeur désespérante.

Heureusement pour Velvet Swing, en plus d’être plutôt gâté par la nature, cette dernière m’a également doté d’un esprit vif me permettant d’arranger des merveilles musicales avec une grande facilité et une humilité déconcertante.

C'est le début qui m'a donné le plus de mal.

J'ai d'abord essayé " Jeune femme, petite, mince, très beaux yeux verts, cheveux mi- longs blonds ou roux selon les jours, traits réguliers, musicienne brillante dans toutes les domaines, premier prix de saxophone et de banjo (bah voyons), sportive de haut niveau (sans rire), excellente éducation, charmante, modeste, distinguée, sexy... ". Mais c'était un peu long.

Alors, j'ai essayé : "Jeune femme, parfaitement parfaite... ". Mais c'était trop sec.

Finalement, j'ai trouvé la bonne formulation : " Jeune femme, belle, intelligente, douée, musicienne, souriante, vous propose de vous envoûter par sa voix de velours. »

Cher journal,

Jusqu'ici, je n'avais jamais envisagé d'écrire mes pensées, ma vie, mes blessures sur une simple page web : je trouvais cela ridicule et inutile. Mais, aujourd'hui, j'en ressens le besoin. J'ignore pourquoi mais j'ai envie de me confier à toi, mon cher journal et tout ce que je sais, c'est que jamais tu ne me tromperas.

Alors, voilà : je suis généralement quelqu'un de timide et calme, je suis plutôt réservé, mais, depuis quelques temps, il m’arrive d’être nerveux. Bon, je ne te cacherai pas que j'ai une petite idée sur le pourquoi de la chose mais je sais que tu as déjà tout deviné ! Je suis aussi quelqu'un de très sensible et je manque d'amour. Cela fait plus de 4 ans que je ne vois plus ma femme. Enfin, je l'aperçois, mais vraiment ce qui s'appelle apercevoir ! Depuis que j’ai commencé l’aventure Velvet Swing, ma vie a beaucoup changé (et il n'y a pas que la mienne mais aussi celle de mes enfants). Cela me chagrine d'autant plus que j'aimais tant notre vie de famille unie, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Je souffre aussi de devoir supporter Benoît et Virginie tous les week-ends. Heureusement, ce n'est pas le cas le reste de la semaine.

Parfois, je me sens inutile, voire invisible. Peut-être n'est-ce qu'une impression, mais peut-être pas, finalement ?!... Enfin, quelquefois, je ne me sens quand même pas si inutile que ça. Quand je fais de la musique, cela me fait plaisir, un très grand plaisir : j'ai l'impression de renaître ou plutôt de ne plus être dépourvu d'intérêts. Et puis, tu sais, j'ai parfois de vrais moments de plaisir. Quand j’ai un solo à jouer et que Benoît a exceptionnellement pensé à me lancer d’un regard à la fin du sien, ça fait tellement de bien de pouvoir jouer sans précipitation, j'ai l'impression d'être Django Reinhard. Et lorsque je peux proposer moi aussi des arrangements ou des interprétations tout en étant écouté par les deux autres, c'est vraiment magique pour moi !

J'aurais beaucoup aimé continuer à te parler car cela fait un bien fou mais, malheureusement, voilà un bon moment que je suis plongé dans ces lignes que j'aligne et il est maintenant temps pour moi d’aller travailler mes gammes et faire quelques pompes…