Le mariage de Stephane et Séverine à Saint-Benoit, Alpes-de-Haute-Provence

Puis direction Saint-Benoît, le petit village d'enfance de mon Monsieur Patate, dans la maison de ses parents. Le photographe arrive peu après nous pour photographier chaque instant de la préparation, suivi de près par la coiffeuse.

Ma robe est là. Pendue au cintre fait main par Steph. Elle paraît immense au milieu du tout petit salon. Je retombe amoureuse à chaque fois que je vois la dentelle délicatement posée sur le tulle et les perles ivoires qui font comme des centaines de gouttes de pluies. Juste à côté est posé mon voile, cousu au peigne que ma maman avait elle-même porté le jour de son mariage avec mon papa. Tout est parfait.

Le déménagement commence ; nous déballons les accessoires, une tonne de maquillage, des produits de beauté à n'en plus finir, un peu de musique et la préparation commence.

La coiffeuse débute par mes témoins, ma maman et ma belle-maman. Pendant ce temps, je me maquille toute seule. Le photographe nous immortalise puis est parti voir du côté des garçons pour les photographier eux aussi. C'est drôle de voir après le mariage les instants que l'on n'a pas pu partager, ce qui s'est passé chez les garçons au moment où nous étions occupées à nous préparer !

La cérémonie ne débutant qu'à 15h, nous avons beaucoup de temps devant nous. Ce qui nous permet de faire des petites pauses photos en extérieur, de profiter de notre moment entre filles. Mais malgré le calme apparent, l'excitation est palpable !

La préparation continue ; je ne suis pas uniquement la mariée aujourd'hui, je suis aussi la maquilleuse. Je commence par ma soeur, ma maman et ma belle-mère. Vient ensuite mon tour de passer à la coiffure. Celle que j'ai essayée plusieurs fois et pour laquelle j'ai eu un vrai coup de coeur. Au même moment arrive une pizza pour reprendre des forces.

Arrive enfin le moment. Celui d'enfiler ma robe. Le photographe me prend sous toutes les coutures, en ressortiront de magnifiques photos, pendant que mes témoins, ma mère et ma belle-mère m'aident à la passer. Elles ont été briefées au magasin, le lacet du corsage n'est pas facile mais elles se débrouillent comme des pros et la robe est impeccable.

Derniers ajustements, j'avais enfilé mes converses jaunes avant (très bonne idée), la coiffeuse ajuste le voile, la grand-mère fleuriste de mon futur mari arrive avec mon bouquet. Je réponds rapidement aux quelques gentils textos de félicitations que je reçois et me voilà partie.

Précédée par mes témoins, ma maman et ma belle-mère, je descends les quatre marches qui mènent à dehors, sous l'oeil du photographe. La voiture m'attend juste devant. C'est une Deuch' jaune -comme mes converses- que mon papa a mis presque un an à remettre en état. Je lui avais dit petite le jour où je me marie, je veux que ce soit dans la dedeuch' .

Et bien c'est chose faite, il a travaillé comme un fou, les week-ends, les vacances, le soir après le travail et elle est là. Flambant neuve. D'ailleurs mon papa est là aussi. Il n'a pas voulu me voir avant il préfère avoir la surprise de me découvrir. J'aime son regard en cet instant. Il est très ému, je vois ses yeux qui brillent. Il se dépêche de venir jusqu'à moi pour ouvrir la porte arrière de la voiture. J'ai bien du mal à m'asseoir, les cerceaux de ma robe ne passent pas très bien alors je suis ensevelie sous le tulle et la dentelle ! Après que mes témoins aient fini de rire (et moi aussi !) un dernier bisou aux femmes de ma vie dont le regard est rempli d'émotions et la voiture quitte la petite place, pendant qu'elles rejoignent les invités qui patientent devant la mairie.

Nous nous retrouvons mon papa et moi seuls, pour un moment père-fille qui fut très court mais magnifique. Tous les deux très pudiques avec nos émotions l'un envers l'autre, nous avons blagué pour détendre l'atmosphère. « Viens on leur fait une blague on s'en va tous les deux au resto et on attaque l'apéro ! ».

Mon arrivée devant la mairie est un moment tellement intense et tellement incroyable qu'il en est presque flou dans mes souvenirs. Ce sentiment à l'instant où l'on aperçoit tous les gens que l'on aime, réunis au même endroit, la famille, les amis, est juste indescriptible.

Le bruit des cris et des applaudissements est couvert par les battements de mon coeur, prêt à exploser. Mon papa se gare, fait le tour et vient ouvrir ma portière. Je me hisse hors de la voiture avec toute l'élégance qui me caractérise (c'est à dire avec la grâce d'un hyppopotame) et j'avance au bras de mon papa, au milieu de la foule. J'embrasse les amis, la famille, j'entends qu'on me parle mais je suis incapable de répondre, je suis trop concentrée à chercher des yeux l'homme de ma vie. Je le vois enfin, plus beau que jamais, dans son magnifique costume gris taupe, chemise et cravate ivoire. Il est si élégant, il rayonne. L'espace d'une seconde, il n'y a plus que lui et moi. Le bruit se tait et on se jette dans les bras l'un de l'autre. Le maire interrompt notre baiser ; il faut passer aux choses sérieuses !

Nous prenons place à l'extérieur (la salle de la mairie est trop petite pour nous accueillir tous), entourés de nos parents et témoins. Nous avons beaucoup de chance, le maire du village est aussi l'oncle de Steph. Ce mariage sera donc célébré en famille, c'est vraiment génial ! Son discours est très beau, personnalisé, il y a même glissé quelques anecdotes un peu gênantes à propos d'un poisson que l'on aurait oublié de nourrir... qui nous a tous fait bien rire !

"Je vous déclare donc, unis par les liens du mariage."

Après ces mots, un baiser intense et des applaudissements, nous entrons dans la salle de la mairie pour signer les registres. Mes témoins se servent des stylos que j'ai fait graver de leur surnom. Me voilà Madame.

Direction l'église pour la cérémonie. Nos témoins lisent les textes que nous avions sélectionnés, quelques chants, et des discours puis l'échange des voeux. Avec notre organisation pendant la préparation nous avions pensé à tout. Absolument tout. Sauf d'apprendre les voeux. On a complètement oublié. Du coup nous voilà en improvisation totale ce qui a fait rire le prêtre et les invités. Mon mari s'emmêle et il dit entre autre "Heu, je te jure fidélité, dans la joie et la bonne humeur, tous les jours de notre vie". C'était vraiment très mignon et tellement plein d'amour, le prêtre l'a encouragé à continuer car je le cite "le plus important c'est que les mots sortent du coeur". Et il a entièrement raison. Nous échangeons nos alliances et une fois la cérémonie terminée, les invités sortent nous attendre.

Le photographe nous donne ses indications pour la sortie, il prend quelques clichés et nous avançons dans l'allée. A peine le temps de mettre un pied dehors que déjà nos familles et amis crient leur joie, leurs félicitations et nous arrosent de grains de lavande (nous avions choisi ça pour remplacer le riz, je vous le recommande, ça sent bon et ça donne un joli rendu sur les photos !)

Et là, un moment un peu hors du temps, lorsque nous sommes tous les deux face à nos invités, que les cris sont retombés et qu'il n'y a plus de bruit, sortient de nulle-part ; deux énormes coups de tonnerre. Pas de pluie, ou de gros nuages, rien d'autre que deux coups de tonnerre juste au-dessus de nos tête. Je ne peux pas expliquer précisément nos émotions. C'est comme si le temps se fige pour quelques secondes. C'est étrange mais en cet instant, même les invités les moins croyants ne peuvent s'empêcher de nous dire "le ciel vous félicite". Presque deux ans plus tard, nos invités nous en reparlent encore, c'est un moment que je n'oublierai jamais.

Malgré ça, il fait beau, le ciel est bleu et pendant que nous prenons la pause pour nos toutes premières photos officielles de jeunes mariés, le vin d'honneur est servi. J'ai beaucoup aimé ce moment, le stress s'est envolé, les invités sont contents, et nous avons le droit de voler quelques secondes à chacun des invités pour immortaliser cette journée. C'est peu mais il y a tellement de monde que j'ai aimé voir tous nos invités un à un.

Selon la légende, on m'aurait apporté à boire à plusieurs reprises mais mon mari passait par là avant moi alors je me suis lentement déshydratée haha ! Bon je réussis quand même à avoir un verre de soupe de champagne pour clôturer la séance photo avec les invités.

Nous nous réservons un instant avec le photographe pour prendre quelques photos rien que tous les deux. Les petites ruelles en pierre du village sont tellement jolies que n'importe où fera l'affaire. C'est un moment très agréable et notre premier moment tous les deux pour se retrouver et échanger nos premières impressions. Bilan : nous sommes aux anges !

Il est temps de prendre la route pour descendre à la salle, avec le cortège. La deuch' est débâchée alors nous pouvons nous mettre debout. Tournés vers les voitures qui nous suivent, le vent sur le visage on fait coucou à nos amis. Ils nous répondent par de longs et bruyants coups de klaxon. C'est une des choses que j'adore dans les mariages, le cortège. Nous saluons de la main tous les passants qui nous croisent. J'entends une maman et sa fille sur leur balcon dire "qu'elle est belle la mariée !" Chouette alors ! Merci mille fois !

Arrivés à la salle, le traiteur commence à servir l'apéro. C'est une sensation bizarre et en même temps très plaisante d'être tout le temps sollicités. Il y a toujours quelqu'un autour de nous qui veut partager quelques minutes, parler de la journée, nous remercier ou nous féliciter.

C'est le moment d'ouvrir la salle aux invités et de leur faire découvrir ce pour quoi nous travaillons depuis plusieurs mois, cette décoration qui nous a pris tant de temps et d'énergie, que nous avons fait avec beaucoup d'amour et qui nous correspond parfaitement. Apparemment tout le monde apprécie. On entend des "Waou" et des commentaires très positifs ; on est ravi !

Les gens s'amusent déjà avec le Polaroïd, on me demande même une recharge car la première est vide. Les adultes redeviennent des enfants devant le bar à bonbons et d'autres sont attendris devant les photos des anciens mariages de nos familles.

Le stress remonte d'un coup, nous devons faire notre entrée. C'est un des projets qui nous a pris le plus de temps. Mon mari en grand fan de Star Wars voulait faire un clin d'oeil à son film préféré alors nous avons décidé de faire le nôtre. Un très bon ami, doué en informatique nous a aidé. Nous avions des scènes à filmer chaque dimanche pendant près de quatre mois, il a passé des heures devant son écran pour le montage de notre film.

Dark Vador déprime car il a perdu son âme soeur, Padmé. Mais un rendez-vous chez le psy va le convaincre de foncer la reconquérir. Le voilà qu'il débarque à moto à la salle pour venir la chercher. Et le film s'arrête pour faire place aux mariés qui entrent en courant l'un vers l'autre dans la salle. Puis on a glissé dedans les scènes ratées et bêtisier. Moment vraiment drôle !

Comme nous ne sommes pas du tout à l'aise avec les discours, mon mari a juste pris le micro pour remercier tout le monde et leur dire qu'on les aime du fond du coeur. Après ça le repas débute. Il est ponctué par des animations, des surprises. Dans l'ordre :

- Un photo montage surprise fait par ma belle-mère, de mon mari et moi bébés. C'est super marrant les coïncidences il y en a une où nous portons le même déguisement et la même pose !

- Le jeu des 12 chaises (excellent je ne pensais pas que les invités riraient à ce point !)

- Un sketch réalisé par mon papa et mon beau-papa, qu'ils ont travaillé plusieurs fois après le travail dans la surprise la plus totale. (Un clin d'oeil à Steph qui adorait ce sketch enfant)

- Un duo saxo/guitare interprété par mon oncle et mon cousin. Ils ont joué un air Napolitain en hommage à nos racines.

Puis sur la musique de Macklemore - Thrift Shop, l'arrivée de la pièce montée. Ou plutôt, des cupcakes montés ! Je n'aime pas les gâteaux et comme nous voulions personnaliser notre mariage du début à la fin, nous avons choisi un dessert que nous aimons tous les deux. Il y en a pour tous les goûts. M&M's, Rafaello, fraise et citron. Ils partent comme des petits pains, les gens adorent !

Tout le monde est assis à table et finit la dernière bouchée de dessert, alors nous en profitons pour lancer l'ouverture de bal. La musique se lance, Eminem résonne dans la salle ; le marié avec ses copains se lèvent et s'avancent vers la piste. Avec mes copines nous les suivons et nous restons sur le côté. Ils commencent maladroitement leur chorée, c'est franchement marrant mais surtout très mignons de les voir danser. Mais en fait, la surprise c'est que nous entrons pour les interrompre. J'ai la chance d'être très proche avec mon groupe de danse et nous avons préparé une chorée. Les garçons étaient évidemment au courant mais pas les invités. Usher commence et mes amis et moi, on se déchaîne sur la musique. Les invités tapent dans leurs mains le rythme, on s'éclate ! Les garçons nous rejoignent et continuent la danse avec nous. Puis deux personnes de plus, puis quatre, puis tout un groupe. Et nous voilà partis en Flashmob. Seule une vingtaine de personnes était dans le secret, pour laisser la surprise aux autres. Ça a beaucoup plu, mais surtout, le principal, nos amis et nous on s'est éclaté.

Une fois la flashmob finie, la soirée peut enfin commencer. Les invités nous rejoignent sur la piste et on danse, on rit, on s'embrasse, jusqu'à la fin de la nuit. La soirée est vraiment parfaite, mis à part le premier bémol de la journée (et oui il en fallait bien un !) : la musique qui n'est pas du tout, du tout, celle que nous voulions. C'est vraiment dommage et c'est l'unique déception de cette magnifique journée. Mais bon on ne va pas se plaindre avec toute la chance qu'on a, les gens s'amusent, dansent, on est entouré des personnes qu'on aime et qui nous aiment et franchement, rien ne peut gâcher ce moment.

7h du matin, le DJ range son matériel, il ne reste plus que de rares survivants. Alors après avoir rassemblé le peu d'énergie qu'il nous reste, on part en direction des chalets. En chemin on croise un de nos amis, qui a un peu trop bu et qui finira finalement sa nuit dans notre chalet (on le charrie encore avec cette histoire !). On se met en pyjama, je me démaquille et défait ma coiffure. C'est assez bizarre ce moment. Un mélange de nostalgie, de "voilà c'est déjà fini" et de pur bonheur. La sensation d'avoir mal de partout et de se sentir comme sur un nuage. On prend quelques minutes pour se retrouver tous les deux, pour débriefer de la journée de folie que l'on vient de vivre. Nous avons tous les deux le même sentiment : celui de débuter notre vie à deux par la plus exceptionnelle des journées que l'on peut imaginer.

2h plus tard le réveil sonne. Aïe. Il est temps de se lever pour profiter des derniers instants avec nos invités. Le temps est magnifique, le soleil brille fort et le ciel est sans nuage. On retourne à la salle, elle est déjà un peu rangée. Le brunch est servi. Nous avons mis nos vêtements du lendemain, spécial "jeunes mariés" ; un monsieur patate en costume et une madame patate en robe de mariée avec écrit au dos "Just Married". Encore une fois nos invités nous félicitent. On a même entendu "c'était un des plus beaux mariages que j'ai vu dans ma vie" et un autre "on a l'habitude d'aller à des mariages, mais on peut vous dire que vous avez mis la barre très haut". Waou, que dire de plus, c'est dingue d'entendre ça. On a tellement voulu faire plaisir à nos invités, les chouchouter et leur faire passer un bon moment, que de savoir qu'on a réussi nous remplit de joie. C'est une façon de leur montrer comme on les aime. Et ils nous le rendent bien.

Mais voilà, petit à petit la salle se vide. 16h. Il est temps de ranger et de clôturer ce week-end de rêve. On plie, on jette, on range, on nettoie, on entrepose tout dans les coffres et nous voilà partis. Sentiment indescriptible.

Sur la route on regarde, le coeur rempli d'émotions et la tête pleine de souvenirs, s'éloigner peu à peu cet endroit où l'on a vécu le plus beau jour de notre vie.